Le Pavillon des Songes

Sous titre
Premier Quatuor à Cordes
Catégorie
Quatuor à cordes
2015

Note du compositeur:

L’attrait des mondes oniriques et l’évocation de la culture traditionnelle du Japon constituent de façon récurrente des pôles d’inspiration dans mes créations musicales. Dans mon quatuor à cordes, ces deux pôles sont explicitement réunis…

Son titre provient du Yumedono, que l’on peut traduire par « Pavillon des songes », nom donné à l’une des constructions en bois les plus anciennes au monde autour de laquelle s’ordonne l’enceinte du temple Hōryū-ji situé à Ikaruga, ville de la préfecture de Nara. Ce site unique de Hōryū-ji, classé en 1993 par l’Unesco au Patrimoine mondial de l’humanité, conserve des œuvres artistiques exceptionnelles qui constituent des témoignages précieux permettant de retracer les grandes étapes de l’histoire du Japon.

Yume est le terme japonais qui désigne les rêves prémonitoires ou les visions d’ordre religieux. Toutefois, mon projet n’était pas d’évoquer précisément le Yumedono, mais plutôt de témoigner musicalement de l’empreinte que m’a laissé tout ce qu’il m’a été donné de ressentir lors de mes voyages au Japon, ou dans mes lectures assidues de Haïku, dans la découverte de l’œuvre de compositeurs tels que Toru Takemitsu ou Toshio Hosokawa qui, chacun à leur manière, ont proposé une synthèse entre la musique savante occidentale et la musique traditionnelle de leur pays, et d’une façon générale, dans toutes mes approches, réelles ou subjectives, de la culture du pays du soleil levant. Le langage musical est partiellement fondé sur des échelles modales typiques de la musique traditionnelle japonaise, toutefois intégrées dans des textures polyphoniques originales dans l’intention de créer un style évocateur. Mais l’apport poétique et philosophique du Haïku est sans doute plus fondamental encore.

En effet, le premier mouvement de ce quatuor est directement inspiré d’un Haïku de Issa (1763-1823) :

Tombent les fleurs

Et déjà pour moi aussi

Le chemin descend.

Ce court poème fait ressentir avec force la« tristesse de l’évanescence », concept spirituel et esthétique japonais désigné par les termes de monono aware et mis en lumière par le philosophe Motoori Norinaga (1730-1801).Ce concept désigne le sentiment de compassion provoqué par le caractère périssable de toute chose, de tout être. Poètes de la nature et poètes de l’impermanence, les haïkistes classiques sont profondément imprégnés de philosophie bouddhiste: leur approche spirituelle leur permet de dire l’intérieur des choses, de l’exprimer comme une tonalité, comme une vibration à la fois discrète et douloureuse, selon leur représentation du monde lui-même.

C’est bien cette représentation symbolique du monde qui m’a invité et projeté dans l’écriture de ce « Pavillon des songes », structuré en quatre mouvements :

I-    Chiru hana ya (Tombent les fleurs…)

II-   Uzu (Tourbillons)

III-  Shōrō (Le pavillon de la cloche)

IV-  Sōki (Rappel)

Il faut enfin signaler que le 3ème mouvement intitulé Shōrō a été préalablement créé par le Quatuor Tana lors d’un concert à l’Académie Royale de Belgique le 6 mars 2014. Shōrō est le mot japonais qui désigne la tour abritant la cloche, située à proximité des temples. Cette pièce avait été composée suite à un séjour à Koya-san, l’un des principaux centres bouddhistes du Japon, fondé vers l’an 816 par le moine Kukai. C’est le son de la cloche de ce site que j’avais enregistrée lors de ce séjour, qui a servi de « modèle spectral » pour la section initiale, répétée en guise de cadre formel pour ce mouvement.

Compositeur(s)
Instruments
Violon
Violon
Violon alto
Violoncelle
Durée
00:22:00
Effectif

Quatuor à cordes

Effectif complet

Violon I

Violon II

Violon alto

Violoncelle

Date de création
Programme

https://www.rtbf.be/musiq3/article/detail_avec-le-trio-amethys?id=9763258

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