Bryce

Catégorie
Musique de chambre sans direction
1998
Compositeur(s)
Numéro
2
Durée
13 min.
Effectif

quintette à clarinette

Effectif complet
clarinette et quatuor à cordes (2 violons, alto, violoncelle)
Comment
Composé avec le soutien du ministère de la communauté française, service de la musique classique. Créé par Oxalys. Enregistré pour Fuga Libera par Jean-Michel Charlier et le quatuor Danel.
Date de création
Programme
Bryce est un quintette à clarinette [clarinette et quatuor à cordes] en un mouvement. Il tient son nom d'un canyon de l'Utah célèbre pour ses forêts d'aiguilles de pierre ocre. Il ne s'agit nullement d'une évocation du site qui, à supposer qu'elle ait quelque utilité, me semble réclamer à tout le moins un orchestre symphonique, mais la poursuite d'une idée formelle qui ne pouvait, je crois, voir le jour que là: il est de ces lieux où la mesure du temps est si éloignée de ce qui nous anime que tout est subitement en mesure de nous éclairer et de nous mystifier. La musique, comme la poésie peut-être, a le don de consigner ces énigmes. Bryce, c'est ça: le rapport formalisé d'une énigme conceptualisée dans un système qui ne l'abêtit pas a priori, à propos d'une révélation sur la nature ambiguë du rude et du souple -la roche et l'aigle- vécue une fois par un seul être -en l'occurrence, moi- dans un trip contemplatif possible en un seul endroit -ce célèbre canyon. Est-ce là le pouvoir d'évocation ou la voie délirante de l'inspiration?

Dans cette pièce, j'ai cherché à opérer une lente fusion entre une matière [ou même une gestique] âpre, anguleuse, "minérale" sans être pour autant glacée et un dessin curviligne, versatile, ample et "organique". Cette "osmose" s'effectue par un glissement progressif, aux mécanismes imperceptibles mais aux articulations parfois nettement soulignées, de la matière [en constant recyclage varié] et de son traitement vers une esthétique de plus en plus intégrée. Les différentes étapes de ce processus sont associées à des techniques d'écriture, des "phonies", elles-mêmes engagées dans un flux dynamique et continu qui les confond en les transformant, suivant une structure croisée. En ce sens, la forme, bien qu'extrêmement découpée, fonctionne de manière non cloisonnée. Dans l'ordre: cacophonie I, diaphonie I, monophonie I, diaphonie II, hétérophonie I, homophonie, hétérophonie II, polyphonie, cacophonie II, symphonie I, monophonie II, stéréophonie, symphonie II [euphonie?]. Mais à mon sens, cela ne serait rien si, à cette logique, n'étaient associées des oppositions et des complémentarités de natures harmonique [bruit - diatonisme - chromatisme - spectralité], mélodique [rythmicité - linéarité] ou timbrale [dissociation - fusion] qui nourrissent cette mécanique initiatique de leur pouvoir d'expression.Cette oeuvre a été écrite avec le soutien de la Communauté Française - Direction générale de la Culture.

JEAN-LUC FAFCHAMPS (source : Ars Musica)